mardi 8 novembre 2011

La Guerre de sécession revue et corrigée

« Cette année, les États-Unis commémorent le 150e anniversaire de la prise de Fort Sumter le 12 avril 1861, dans la baie de Charleston en Caroline du Sud, marquant le début d'une guerre appelée « Guerre de Sécession » en Europe et « Guerre civile » en Amérique (les partisans de la cause sudiste préfèrent l'appeler la « Guerre des États »). La guerre s'est achevée le 26 mai 1865, date de la dernière défaite des confédérés.

Aux yeux de beaucoup, la Guerre Civile a marqué la « seconde naissance des États-Unis », près d'un siècle après l'Indépendance : « Une seconde naissance de la liberté », d'après les mots mêmes d'Abraham Lincoln. Selon cette interprétation, Lincoln a défendu l'Union et les libertés, dans la continuité des Pères fondateurs.

Pour d'autres, cette guerre fut une révolution jacobine à la française, instaurant l'État moderne, avec son pouvoir centralisateur écrasant. Cette interprétation, politiquement incorrecte, fut celle de Lord Acton, le grand historien britannique du XIXe siècle, ainsi que celle de Gustave de Molinari en France à la même époque.

[...]

Mais la question douloureuse de l'esclavage et de la race ne fut pas seule en cause dans cette guerre. Au-delà de ce motif, le désaccord entre le Nord et le Sud avait commencé dès la naissance de la République. L'origine du désaccord fut d'abord économique et fiscal avant de prendre une tournure politique. Sur un plan économique, le Nord manquait cruellement de main d'ouvre pour son développement industriel en pleine expansion. De son côté, le Sud importait ses marchandises de l'Europe parce qu'elles étaient de meilleure qualité et moins chères que les marchandises produites dans le Nord. Le Sud était libre-échangiste et le Nord voulait taxer ces échanges à l'importation comme à l'exportation. Le Nord voulait reproduire l'ancien modèle britannique d'État centralisé et impérial alors que le Sud voulait moins d'État, moins de protectionnisme et moins d'impôts. Mais surtout, des questions constitutionnelles cruciales, laissées en suspens depuis la fin du XVIIIe siècle, avaient refait surface. Selon certains historiens, l'origine de la guerre fut liée aux droits des États et à la défense de leur autonomie par rapport aux lois de l'Union.

[...]

Le fait est que l'administration d'Abraham Lincoln a jeté des milliers de dissidents en prison dans les États du Nord, a fermé des centaines de journaux, a suspendu la règle de l'habeas corpus, et a annulé les réunions des assemblées législatives des États.

[...]

Enfin, on peut se demander si la lutte contre l'esclavage nécessitait une guerre civile. Selon Thomas Woods, dans son ouvrage The Politically Incorrect Guide To American History (2004), on ne peut minimiser l'acquis extrêmement important de l'abolition de l'esclavage, au terme de la Guerre Civile. Mais on est aussi en droit de se demander si l'abolition de l'esclavage ne pouvait pas s'accomplir sans aboutir à tant de morts, blessés ou portés disparus; à des dégâts matériels écrasants; à l'affaiblissement de la notion de la guerre civilisée et à la destruction de l'ordre constitutionnel en Amérique par le renforcement du gouvernement fédéral au détriment des droits autonomes des États.

Tous les autres pays du monde occidental qui ont aboli l'esclavage au XIXe siècle, écrit Thomas Woods, l'ont fait graduellement et pacifiquement. L'esclavage était politiquement moribond. Il n'est pas plausible de penser que l'esclavage aurait duré beaucoup plus longtemps, même avec l'indépendance du Sud. Avec l'abolition de l'esclavage dans le monde civilisé, la Confédération serait devenue un paria et leur isolement n'aurait pas résisté à l'inévitable pression morale internationale.

Damien Theillier est professeur de philosophie à Paris.

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2 commentaires:

Durandal a dit…

Quelque notes :

■ La sécession était constitutionnellement légale. Le 10e Amendement de la Constitution américaine stipule que les pouvoirs qui ne sont pas accordés à l'État fédéral sont réservés exclusivement "aux États et au peuple". Le pouvoir de coercer les États dans l'Union (ou d'accepter/refuser une sécession) n'est pas accordé au Fédéral, donc ce pouvoir revient de droit aux États.

■ Au départ de la Guerre, si l'esclavage était un contentieux parmi d'autres, il ne portait même pas sur l'esclavage dans le Sud, mais sur l'esclavage dans les nouveaux États à l'Ouest. C'est seulement quand la guerre a pris de l’ampleur que Lincoln et ses acolytes en sont venus avec l'idée d'abolition totale immédiate.

■ L'esclavage aurait été abolit dans le Sud sans la guerre civile au fur et à mesure que ledit Sud se serait industrialisé ; pour la même raison, l'esclavage aurait également été éventuellement abolit dans le Sud si les Confédérés avaient gagnés.

■ Lincoln était vicieusement hypocrite car son "Emancipation Proclamation" de 1863 ne libérait pas les esclaves du Nord, mais libérait théoriquement ceux du Sud, donnant au pouvoir washingtonien le prétexte d'envahir le Sud pour faire appliquer ladite proclamation ! Bref Lincoln fabriquait des lois pour des territoires sur lesquels il n'avait aucune juridiction légale.

■ Le Nord était hypocrite car il soutenait que la représentativité électorale des Noirs devait être calculée à 0.75. Par contre le Sud admettait que 1 Noir = 1 personne. Noir progressiste et Sud raciste ? Essayez encore.

■ La Confédération entendait assurément limiter l'esclavage, et peut-être en diminuer graduellement la pratique. Pour preuve, l'Article 1 Section 7.1 de la Constitution des États confédérés d'Amérique (8 février 1861) interdisait l'importation de nouveaux esclaves dans les États du Sud. Conséquemment, le drapeau sudiste n'a jamais flotté du un navire négrier, contrairement à la bannière étoilée !

■ En pleine guerre civile, plusieurs États nordistes ont décrétés des édits purement racistes, comme l’Indiana qui a interdit aux Noirs de séjourner plus de dix jours sur son territoire !

■ Le débat occulte constamment le fait que l'esclavage de Blancs aux États-Unis était alors légalement pratiqué (et cela depuis le débuts coloniaux), et qu'il y avait aussi des Noirs libres qui possédaient des milliers d'esclaves.

Un site à consulter :
www.thepoliticallyincorrectguidetothesouth.com

Durandal a dit…

Erratum : au 5e point je veux dire "Nord progressiste et Sud raciste".

Événement heutement symbolique, en assassinant Abraham Lincoln, John Wilkes Booth s'écria « SIC SEMPER TYRANNIS » (ainsi arrive-t-il aux tyrans), comme Marcus Junius Brutus, le résistant républicain qui porta le coup fatal à l'autocrate Jules César en 44 av. J.-C.